- LE CONSEIL DE CLAUDINE
Que le jardin est beau en cette saison printanière
Une ballade dans les allées et tous nos sens sont réveillés.
Les couleurs éclatent avec tous les arbres et arbustes en fleurs.
Du bleu et du jaune principalement puis peu à peu le blanc vient compléter l'harmonie de cette palette :
Les lilas simples et doubles, les coronilles emerus dont les rameaux flexibles se balancent vivement au souffle de la tramontane ou du mistral et les jasmins d'hiver qui distribuent généreusement leurs fleurs vite fanées.
Les arbres fruitiers ont fleuri selon un accord parfait.
Ils se sont couverts de fleurs quasi en même temps.
D'abord les amandiers qui promettent cette année une récolte inhabituelle.
Une rafale de vent et voilà qu'une neige légère de pétales blancs à pointes roses tourbillonne dans l'air.
Les cerisiers se décorent de bouquets de fleurs longuement pédonculées et annoncent les futurs bouquets de fabuleuses cerises qui enchanteront les enfants et les plus grands lorsque les fruits seront rouges.
Les abricotiers rosissent et je prie le ciel qu'une gelée tardive ne vienne pas transformer ces merveilles en torches brunes plus ou moins noircies.
Les pêchers démarrent déjà et c'est un enchantement de voir ces branches ornées de manchons rose vif.
On regrette seulement que l'agriculteur moins poète certes, mais beaucoup plus professionnel que moi les éclaircisse et laisse tomber sur le sol autant de futurs fruits.
Je passe sous l'immense Photinia qui jouxte le bassin au poisson et j'admire les bouquets de multiples petites fleurs blanches plantés sur cette grosse boule de jeunes pousses rouges.
Les cognassiers qui bordent son ombre participent eux aussi à cette symphonie printanière.
Je sais qu’ils donneront des coings tout piqués de vers, mais qu'importe, leurs délicates fleurs auront été belles.
Outre les couleurs, les senteurs donnent le vertige.
Le jardin est comme un alambic qui distillerait toutes ses fleurs et émettrait dans l'air un complexe parfumé allant des parfums les plus suaves à ceux presque âcres et un peu agressifs.
Quel régal de passer sous les robiniers dont on ne voit que les fleurs tant elles envahissent les branches.
Et je m'amuse à observer les trois écureuils qui se poursuivent.
La glycine qui recouvre la balustrade de la véranda rivalise avec le pamplemoussier pour capter mon attention olfactive.
Le parfum de la première est doux tandis que celui de l'arbre est suave, presque sucré.
Mais ils se complètent merveilleusement.
Ce matin, en ouvrant la fenêtre de la cuisine, je fus absolument prise à la gorge par les effluves du jardin officinal.
Trop, c'est trop. On recommande de n'utiliser les essences de jasmin qu'à la goutte dans les préparations tant il est puissant. Et là, je réalise combien c'est vrai.
Les mille fleurs qui recouvrent le mur dispensent une odeur si forte qu'elle en est réellement désagréable.
Je suis tentée alors de cueillir une toute petite extrémité de branche, de la transporter en milieu neutre et de savourer son parfum en toute quiétude.
La vue, l'odorat et le toucher me direz-vous ?
Passant à côté d'un cognassier, je caresse les feuilles vert amande et là mes doigts ont la sensation de caresser les joues d'un nouveau né.
A mes pieds, la bourrache est déjà couverte de petites étoiles vert drapeau. Mais là les feuilles, comme d'ailleurs celles de la consoude donnent l'impression de caresser la joue d'un homme de notre temps, mal rasé ou plutôt pas rasé du tout.
Depuis quelques jours pour les uns et quelques semaines pour les autres, beaucoup d'oiseaux sont revenus et leurs chants emplissent le jardin.
En soirée, j'ai été ravie d'entendre et d'écouter le rossignol.
Au bord de l'étang, un merle sifflait à tout rompre. Il y en a peu chez nous, mais de temps en temps, l'un d'entre eux vient se perdre dans le jardin.
Chaque année, un tout petit oiseau, le matin et le soir, chante sur deux notes. Je ne sais toujours pas son nom et je m'interroge. J'essaie de m'informer mais rares sont les ornithologues parmi mes connaissances.
Au fond du jardin,devant sa petite maison, ma sœur alimente en graines de tournesols les assiettes pour les écureuils et les tourterelles.
Elle distribue aussi quelques cacahouètes et les amandes vertes qui tombent avec le vent. Tous ces petits rongeurs en sont friands.
Sur le bord des plats, chardonnerets, mésanges à tête noire et verdiers se disputent la place.
En quelques heures, toutes les mangeoires sont pillées.
Enfin, il me reste à gouter pour satisfaire l'ensemble de mes sens.
Il me suffit de me rendre le long des plates-bandes de médicinales.
Là, commencent à se constituer des touffes bien vertes, les aromatiques délicieuses à sentir mais aussi à goûter.
C'est d'abord la menthe chartreuse qui imprime sur ma langue un fort goût mentholé, très particulier, tandis que la menthe poivrée picotte le bout de ma langue.
Le fenouil me fait saliver avec son goût anisé et la tanaisie me rappelle ce thé très amer que des touaregs m'ont offert lors d'un voyage au sud du Maroc.
Le jardin est si beau que j'ai envie de m'y perdre.
Prendre un siège devant la petite maisonnette en bois et rester là à sentir et à écouter.
Fermer les yeux et ne plus penser à la vie qui va autour de moi.
Juste laisser passer le temps pour quelques instants comme du sable qui s'écoule entre mes doigts.
Voilà la recette de Claudine pour ce printemps, si beau, si doux.
J'aurais pu vous indiquer des recettes de tisanes dépuratives ou de complexes de teintures mères pour nettoyer le foie mais vous avez tout cela déjà...
Respirer le calme, savourer l'instant présent et recharger son énergie, c'est prévenir ainsi la mélancolie et surtout la maladie.
Candillargues, au milieu des fleurs et des fontaines, le 20 avril 2017
Une recette de plante comestible sauvage et un dessert
La Passerage, Lepidium draba Brassicacées
C'est un brocoli sauvage.
On le consomme lorsqu'il est encore en bouton. (Ici, la ressemblance avec le brocoli est tout à fait bonne).
Puis, il fleurit avec des petites fleurs blanches.
Un goût légèrement soufré comme beaucoup de Brassicacées (anciennement Crucifères).
On l'ébouillante puis on le met au four en béchamel ou à la poêle, sauté avec un peu de saucisse et d’oignon.
Autre suggestion : beignets de fleurs de robinier, faux acacia (légumineuse).
Faire une pâte à beignet, y tremper la grappe de fleurs et la jeter dans la friteuse d'huile bien chaude.
On obtient un beignet de forme indéfinie, au goût un peu sucré et agréable.
A consommer deux ou trois fois dans la saison mais pas plus, cette fleur étant légèrement cardiotonique.
Pour ceux qui font des cultures :
Pensez à la phacélie une Borraginacée qui aide le cultivateur à améliorer les sols par sa richesse.
De plus, elle couvre bien. Il est donc possible de la semer à la volée, puis on la coupe et on l’enfouie avant de faire une rangée de semis et de repiquage.
Pensez également qu'elle est très belle.
Ses fleurs bleues, semblable à la bourrache, sont très décoratives.
Elle est de plus très mellifère.